Cet apres-midi là... [Pv Carl]

B · **Heather G. Lovelace**• Black Lullaby ~♪

Le samedi est une journée bien ennuyeuse, il n'y a rien à faire de spécial. Mes copies étaient déjà corrigées et rangées dans mon bureau dans la salle de musique. Je m'en étais occupé dans la matinée. Vraiment, parfois je regrettais de ne pas avoir plus de travail. Après tout, pour une démon immortel, le temps ne s'écoule pas de la même façon que pour un pauvre humain pour qui chaque jour est une course contre la montre. Au final, l'immortalité nous enlève toute notion du temps, les minutes et les heures n'ont plus aucune signification...enfin sauf quand il s'agit de l'heure du thé ! Quoi que je ne pense pas que ce soit une valeur universelle pour tous les démons que compte notre monde ! Quoi qu'il en soit... après soixante-neuf ans passés sur cette terre, mon visage et mon corps sont encore les mêmes que ceux de mes vingt-cinq ans... et cela ne changera sans doute jamais. Un corps immortelle qui vivra des siècles encore au dépend des autres. Des siècles passés à voir tombé les âmes de ceux qui nous sont chers. Les humains désirent l'immortalité car ils ne voient pas à quel point ce cadeau est empoisonné...

Voici donc dans quel état j'errais dans la forêt qui bordait le château. Ce n'était pas forcement joyeux mais... après tout, cela faisait un moment que je n'étais plus joyeux. J'étais heureux aux côtés de Daruka, j'étais heureux aux côtés de ma famille mais l'éternité et mon manque de maturité m'avait tout pris. Lâchant un soupire, je décidais de penser à autre chose... me promenant avec mon violon gentiment rangé dans son étui, je supposais que m'arrêter un moment pour jouer ne serait pas si désagréable.

Je m'assis sur un vieux tronc renversé qui aujourd'hui avait pris l'utilité d'un banc. Libérant l'instrument de sa sombre prison, je le portais à mon menton et fit danser mélancoliquement l'archer sur les cordes. Quel instrument mieux que le violon pouvait émettre une telle nostalgie ? Peut-être que le violoncelle pouvait rivaliser, mais ça ne compte pas, ils sont frères.

Bref, la musique qui s'échappait de mon instrument guidait mes sombres pensées vers un ailleurs où elles ne m'ennuieraient plus. Du moins, pour le moment. Pourtant, même si ma concentration était entièrement dévouée à l'instrument je pouvais tout de même sentir la présence des élèves aux abords du château...

[hj : oui oui c'est de la grosse merde mais ...j'étais pas du tout inspirée T_T]

**Carl Ove**~Angel's face~

Samedi. Aujourd'hui, il n'y avait pas de cours, ce n'était pas plus mal. Attention, je ne suis pas mauvais à l'école, j'ai des résultats corrects, c'est juste que je préfère lorsque nous avons des journées de repos, cela me permet de prendre l'air et de laisser mes pensées s'évader par-delà les hauteurs de l'Orphelinat. J'aime bien être ici, mais je vous avoue que parfois je me pose la question de savoir ce que je ferais plus tard, lorsque je serais devenu adulte. Honnêtement je n'en sais rien et je crois même que si un jour on me disait que mon destin était scellé, que jamais je ne partirais d'ici, j'en serais très heureux. C'est vrai, j'ai tout ce qu'il me faut ici et puis je ne suis pas seul. A la réflexion, cela me plairait bien de travailler ici une fois devenu adulte. Enfin, je verrais bien j'ai tout mon temps.

Pour l'heure j'avais décidé de me promener aux abords du château, j'avais envie d'un peu de solitude, comme cela m'arrive assez souvent. Oh ne croyez pas que je fuis le contact avec les autres, non, c'est juste que de temps en temps j'ai besoin d'avoir du temps pour moi, un temps où je ne suis en compagnie de personne. Ne me demandez pas de vous expliquer le pourquoi du comment, je ne sais pas moi-même pourquoi je suis comme ça, je l'ai toujours été. Bref, je laissais mes pas me porter vers la forêt qui bordait l'orphelinat, il y avait un lac tout près, j'aimais bien y venir lorsque le jour déclinait, c'était très beau de voir le soleil d'hiver se refléter sur l'eau comme dans un miroir. Là ce n'était pas le soleil qui m'avait attiré mais un bruit de musique. Quelqu'un jouait du violon. Je n'avais pas ce qu'on appelait "l'oreille musicale", mais je savais reconnaître un violon d'un piano et puis je ne voyais pas quelqu'un jouer du piano dehors. Curieux, je m'approchais donc pour connaître l'identité du joueur de musique. Je le vis enfin. C'était Monsieur Lovelace, le professeur de musique. Tout s'expliquait maintenant. Il est naturel qu'un professeur excelle dans la matière qu'il enseigne et assurément Monsieur Lovelace excellait dans la musique.

Je m'assis à ses pieds pour l'écouter religieusement, j'essayais de faire le moins de bruit possible, ne voulant pas troubler sa concentration, la musique qu'il tirait de son violon était si magnifique que j'en avais les larmes aux yeux, je pouvais ressentir de la tristesse dans cet air et cela m'atteignait. Je pleurais, j'ignorais pourquoi, mais je pleurais et pourtant, je ne voulais pas que cela cesse, je voulais qu'il continue à jouer. Je ne savais pas s'il avait remarqué ma présence, mais j'espérais ne pas le déranger. Lorsqu'il eut fini de jouer son morceau, je l'applaudis. Je le regardais en souriant, essuyant les dernières larmes qui étaient sur mes joues.

- Bravo Monsieur, c'était vraiment magnifique.

B · **Heather G. Lovelace**• Black Lullaby ~♪

J'avais ressentit la présence d'un élève qui s'était posé au sol pour m'écouter. Je continuais tout de même de jouer, imperturbable, faisant danser l'archer contre les cordes. Je n'avais pas spécialement envie de m'arrêter, mais à un moment ou un autre, il fallait que se termine le morceau. Comme on le dit si bien : « les meilleures choses ont une fin ».

Et ce moment arriva. Je décollais le violon de mon menton tandis que l'élève assis à mes pieds applaudit et essuya des larmes... certes mon morceau n'était pas joyeux, mais de là à faire pleurer ce garçon... Après tout, les bons musiciens sont ceux qui savent faire passer l'émotion dans leur musique... je ne suis peut-être pas mauvais alors. Heureusement d'ailleurs, car après une cinquantaine d'années de pratique, si je n'avais pas atteint un niveau convenable, je pouvais me poser des questions sur ma vocation. Un professeur de musique qui n'y connait rien et qui joue comme un manche à balais... ce serait ridicule !

Je renvoyais un sourire délicat au garçon, rangeant mon violon dans son étui avant de répondre à son compliment.

« Merci... enfin, mon but n'est pas de faire pleurer mes élèves... Ça va ? »

Ce n’était pas mon but en effet, mais je suis sûr que certains professeurs sadiques adorent ça ! Je ne porte pas ces personnes dans mon cœur… faire pleurer un enfant… c’est intolérable ! Mais bon, ici ce n’est pas moi qui fait les règles et il semblerait que les démons aient l’autorisation de faire ce qu’ils veulent… l’orphelinat est une sorte de « garde manger » pour eux… et finalement pour moi aussi... j'ai beau tenté de faire attention à mon régime alimentaire, il arrive toujours un moment où l'envie de boire du sang prend le dessus ! La triste situation qu'est celle des démons !

Enfin bref, j’avais ce garçon dans l’une de mes classes, c’est un élève qui ne se fait pas trop remarquer. Le genre d’élève qu’il est plutôt agréable d’avoir en cours… cependant, je ne voudrais pas non plus avoir une classe composée seulement de ce genre d’étudiant : ce qui fait l’intérêt d’être professeur c’est la diversité des élèves et de leurs comportements. Évidemment, ce n’est pas le seul intérêt sinon, autant être psychologue.

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